« L’impossible nous ne l’atteignons pas, il nous sert de lanterne. »
René Char
Se souvenir, c’est inventer. Le réel et l’imaginaire s’entremêlent de telle sorte que la sincérité n’est pas en cause lorsqu’on les confond. La manière dont nous remplissons les blancs de la mémoire signe notre vérité. »
André Hardellet
La poésie est ce grand mouvement de sève comme en sont peuplées les saisons.
« Au plus fort de l’ orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer »
René Char
« S’intérioriser sans exagération, s’extérioriser sans démesure, savoir se tenir au juste milieu, ce sont là trois éléments d’essor »
Tchouang-Tseu
« Si la vie n’est qu’un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs ».
Montaigne
« Écrire,
Laisser passage au poème,
Cette toute petite école
De croissance
Quotidienne. »
Jean Lavoué
« Écrire c’est convertir le trop en peu, l’excès en manque.
Aucun livre ne devrait être plus pesant qu’une lumière.
Aucune écriture ne devrait faire plus de bruit qu’un sourire. » Christian Bobin
« C’est à travers le quotidien que j’essaie d’apprivoiser l’éternité. » Eugène Guillevic
« Aujourd’hui, je ne veux parler qu’aux arbres du jardin
laissez-moi leur parler en langage feuillu
j’ai marché si longtemps sans en savoir la suite
laissez-moi saluer leurs ombres dans la nuit »
Juan Garcia
« L’est est la direction des commencements. Du lever du soleil. Quand le soleil se lève, une porte s’ouvre vers un savoir nouveau. Inspire la lumière. Pense à ce qui peut t’aider à vivre ce jour. Rends grâce.
Les plantes, les animaux et toutes les autres créatures se tournent vers l’est pour accueillir l’aube, l’éclosion et l’épanouissement.
L’esprit du jour émerge avec le soleil. »
Joy Harjo
« Je porte à la vie l’intérêt d’un déchiffreur de charades. »
Fernando Pessoa
« Écrire comme un arbre qui pousse. Laisser venir les feuilles. Le poème est dans la poussée des mots, souveraine, tout autant que dans le vide entre eux qui leur permet de respirer. Comme le vent souffle entre les branches et murmure à l’oreille. » Jean Lavoué
« Pour devenir centenaire il faut commencer jeune. »
René de Obaldia. Auteur discret et facétieux,est décédé aujourd’hui 27/1/22 à l’âge de 103 ans, il va pouvoir partir dans la lune
Moi, j’irai dans la lune
Avec des petits pois,
Quelques mots de fortune
Et Blanquette, mon oie.
Nous dormirons là-haut
Un p’tit peu de guingois
Au pays du grand froid
Où l’on voit des bateaux
retenus par le dos.
Bateaux de brise-bise
Dont les ailes sont prises
Dans de vastes banquises.
….
Blanquette sur mon cœur
M’avertira de l’heure :
Elle mange des pois
Tous les premiers du mois,
Elle claque du bec
Tous les minuit moins sept.
…..
René de Obaldia
Quand ce monde dégoulinera par trop de maux, nous n’aurons plus de mots à mettre dessus, car trop tard… bonne nuit jama
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Jill ce monde lentement devient cataclysme dégoulinant des turpitudes de ses humains inhumains
Merci et nuit tranquille
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Oui, le loup peut bien hurler, en ce monde tourmenté face au cataclysme !
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Colette, n’est ce pas l’homme le plus grand cataclysme de la terre?
Le loup ne demande qu’à vivre…
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Cataclysme
Désastre sur notre astre
Strophe sur une cata,
Annoncée…
La Terre dégouline de maux
Que nous n’aurons plus de mots
A son chevet,
Plus que le chapelet
Pour ensemble prier le miracle
Quand l’oracle
Se rira de notre malheur,
Pauvres pécheurs…
Et la blanche colombe
A tire d’ailes au-dessus du monde
Déposa son rameau d’olivier
Sur nos mau’solées…
Ainsi le sera t’il
Homme qui droit va au péril…
JB
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Que dire Jill j’ai le souffle coupé
Ton oracle est…divin
Ta sentence est incroyablement prémonitoire
Mon insomnie trouve dans tes mots sa raison d’être et, en boucle, je psalmodie cette prière
Entre mes mains je fais rouler les graines d’un chapelet de la dernière chance
Seront-elles capables encore du miracle d’ensemencer la terre?
La colombe ne porte pas de rameau d’Olivier
Elle transporte en son sein la semence
Si des hommes sursautent et lui ouvre un chemin paisible
Elle déposera son cadeau porte bonheur
Ne jamais minimiser le chant et les excréments de l’oiseau inconnu
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Le prodigieux poème « La colombe » du non moins prodigieux poète Louis Bouilhet aurait pu aussi parfaitement illustrer ce prodigieux triptyque.
Ceci dit, je me demande si nos efforts pour nous préserver des calamités annoncées ne seraient finalement pas vains ! Tant les dommages causés par l’homo sapiens se révèlent d’une exceptionnelle gravité et tant l’étendue des dégâts affecte un nombre incommensurable de lieux !
Par contre, si tu ne parviens pas à faire fortune en offrant tes œuvres picturales au plus offrant, c’est à se désespérer… Tu as un talent protéiforme, jama !
Bien amicalement
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Yannucoj tes visites et tes mots sont toujours grand plaisir, merci
je ne connais ni le poème ni le poète, je vais aller me renseigner.
tu as raison Yann je suis une écri-vaine barbouilleuse polymorphe , je touche à tout mais ne fais rien à fond , je m’essaie.
Quant à l’Humain, je crois qu’il est irrécupérable, la terre ferait mieux de l’évacuer et vivre sans lui.
En attendant profitons sans abimer de ce qu’elle nous offre.
Douce soirée Yann
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Louis BOUILHET
1822 – 1869
La colombe
Quand chassés, sans retour, des temples vénérables,
Tordus au vent de feu qui soufflait du Thabor,
Les grands olympiens étaient si misérables
Que les petits enfants tiraient leur barbe d’or ;
Durant ces jours d’angoisse où la terre étonnée
Portait, comme un fardeau, l’écroulement des cieux,
Un seul homme, debout contre la destinée,
Osa, dans leur détresse, avoir pitié des dieux.
C’était un large front, – un empereur, – un sage,
Assez haut sur son trône et sur sa volonté
Pour arrêter du doigt tout un siècle au passage,
Et donner son mot d’ordre à la divinité.
Or, un soir qu’il marchait avec ses capitaines,
Incliné sous ce poids de l’avenir humain,
Il aperçut, au fond des brumes incertaines,
Un vieux temple isolé, sur le bord d’un chemin ;
Un vieux temple isolé, plein de mornes visages,
Un de ces noirs débris, au souvenir amer,
Qui dorment échoués sur la grève des âges,
Quand les religions baissent comme la mer.
Le seuil croulait ; la pluie avait rongé la porte ;
Toute la lune entrait par les toits crevassés.
Au milieu de la route, il quitta son escorte,
Et s’avança, pensif, au long des murs glacés.
Les colonnes de marbre, à ses pieds, abattues,
Jonchaient de toutes parts les pavés précieux ;
L’herbe haute montait au ventre des statues,
Des cigognes rêvaient sur l’épaule des dieux.
Parfois, dans le silence, éclatait un bruit d’aile,
On entendait, au loin, comme un frisson courir ;
Et, sur les grands vaincus penchant son front fidèle,
Phoebé, froide comme eux, les regardait mourir.
Et comme il restait là, perdu dans ses pensées,
Des profondeurs du temple il vit se détacher,
Avec un bruit confus de plaintes cadencées,
Une lueur tremblante et qui semblait marcher.
Cela se rapprochait et sonnait sur les dalles.
C’était un grand vieillard qui pleurait en chemin,
Courbé, maigre, en haillons, et traînant ses sandales,
Une tiare au front, une lampe à la main.
Il cachait sous sa robe une blanche colombe ;
Dernier prêtre des dieux, il apportait encor
Sur le dernier autel la dernière hécatombe…
Et l’empereur pleura, – car son rêve était mort !
Il pleura, jusqu’au jour, sous cette voûte noire.
Tu souriais, ô Christ, dans ton paradis bleu,
Tes chérubins chantaient sur des harpes d’ivoire,
Tes anges secouaient leurs six ailes de feu !
Et du morne empyrée insultant la détresse,
Comme au bord d’un grand lac aux flots étincelants,
Dans le lait lumineux perdu par la déesse,
Tes martyrs couronnés lavaient leurs pieds sanglants !
Tu régnais, sans partage, au ciel et sur la terre ;
Ta croix couvrait le monde et montait au milieu ;
Tout, devant ton regard, tremblait, – jusqu’à ta mère,
Pâle éternellement d’avoir porté son Dieu.
Mais tu ne savais pas le mot des destinées,
Ô toi qui triomphais, près de l’Olympe mort ;
Vois : c’est le même gouffre… avant deux mille années,
Ton ciel y descendra, – sans le combler encor !
Tu connaîtras aussi, ployé sous l’anathème,
La désaffection des peuples et des rois,
Si pauvre et si perdu que tu n’auras plus même,
Pour t’y coucher en paix, la largeur de ta croix !
Ton dernier temple, ô Christ, est froid comme une tombe ;
Ta porte n’ouvre plus sur le vaste avenir ;
Voilà que le jour baisse et qu’on entend venir
Le vieux prêtre courbé, qui porte une colombe !
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Louis Bouilhet
Sa poésie cultive une grande recherche dans la pureté, qui est spécialement appréciée dans le Parnasse. Il s’y joint des thèmes délicats évoquant la beauté, la femme, l’amour. Voici deux morceaux de poésie de cet auteur, extraits de son recueil posthume Dernières chansons (1872) :
Le Tung-whang-fung
La fleur Ing-wha, petite et pourtant des plus belles,
N’ouvre qu’à Ching-tu-fu son calice odorant ;
Et l’oiseau Tung-whang-fung est tout juste assez grand
Pour couvrir cette fleur en tendant ses deux ailes.
Et l’oiseau dit sa peine à la fleur qui sourit,
Et la fleur est de pourpre, et l’oiseau lui ressemble,
Et l’on ne sait pas trop, quand on les voit ensemble,
Si c’est la fleur qui chante, ou l’oiseau qui fleurit.
(…)
Jasmin
J’ai cueilli pour vous seule, à sa branche flétrie,
Ce jasmin par l’hiver oublié dans la tour.
J’ai baisé sa corolle, et mon âme attendrie
Dans la dernière fleur met son dernier amour.
Son théâtre
Merci Yannucoj , belle belle découverte.
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super beau. J’adore!
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J’en suis ravie Véronique
le ravisseur ne fait pas peur, je l’aime bien
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