Maria

Je me prénomme Maria, il y a 2000 ans j’habitais au bord de la mer dans une jolie ville prospère. J’étais en classe, pressée d’aller bien vite à mon cours de danse.

Je ne savais pas que j’étais en train de vivre mes dernières heures dans ma jolie ville de Pompéi.

Un gros chat s’est mis à miauler très fort, les oiseaux se sont arrêtés de chanter et de toute part des rats se sont mis à courir. Dans mon cours de danse nous avons tous entendu une explosion violente, mon professeur en voyant cette poussière épaisse descendre du Vésuve a sorti son éventail et puis nous a dit de continuer à danser. Mais très vite des gaz brulants, des pierres énormes se sont invités dans notre salle de cours et puis tout fut fini. Je me suis vue pétrifiée par la chaleur et les cendres, jeune ballerine debout dans une attitude de repos, les jambes en dehors, les pieds formant cette position que j’avais apprise avec cœur, les mains derrière le dos, le buste dressé et la tête rejetée en arrière. 

Je ne sais si mon tutu en tulle et mon bustier de soie se devinent encore

je ne sais si mes longs cheveux et mon bandeau de satin se devinent encore

je ne sais si mes chaussons de danse offerts par ma grand-mère se devinent encore mais je sais que je suis morte.

C’est mon âme qui voit mon professeur prostré dans une attitude de prière et les autres élèves, mes amis, ensevelis sous un amas de gravats. 

Oui, je sais que je suis morte, tous mes rêves anéantis, ma ville disparue de la carte du monde, je ne reverrai plus jamais ma famille tant aimée.

 Mais, statue pétrifiée dans ce geste merveilleux, je sais qu’un jour je vous raconterai ma jolie cité romaine au bord de la mer, ville où il faisait si bon vivre rire rêver danser courir… 

jamadrou © « Histoire à dormir debout » avril 2020