atelier d'écriture Olivia Billington

Mars 68

8 mots imposés: ukulélé- soleil- hurluberlu- pastiche- s’enliser- épiler- logorrhée- fantasque.

Il est arrivé dans ma vie avec le soleil et son ukulélé en bandoulière.

Je me souviens, mars 68 j’avais 18 ans et l’espérance violente d’un monde meilleur.

Lui, il avait fui la misère et il me parlait de révolution, non non pas de celle à laquelle vous pensez, ni de celle qu’alors j’imaginais.

Non, mais de cette révolution que chaque être humain devrait faire un jour pour continuer d’exister paisiblement sur notre Terre Mère.

Il trouvait qu’il y avait trop de gâchis dans lequel chacun s’enlisait, trop de denrées, de produits dangereux qui détruisaient la planète à toute vitesse, trop de folies dues à la course au profit.

Lui, traité d’hurluberlu par mes amis, de jeune homme fantasque, racontait la démence des hommes et disait que tôt ou tard la nature se retournerait contre nous et qu’il faudrait régler nos comptes.

Sa logorrhée des soirs autour du feu sur la plage n’était que mise en garde, rêves prémonitoires, catastrophes annoncées.

La musique de son ukulélé accompagnait son flot de paroles façon rap, d’une ambiance nostalgique, chamanique, enfumée par nos jeunes années insouciantes et débridées.

Il nous disait que le bonheur qu’on nous imposait n’était pas le vrai bonheur mais qu’un fade pastiche d’un bonheur à mériter fait d’amour pour tout ce qui est vivant et de respect.

Bientôt, nous serions dans l’obligation d’apprendre ce qu’est la véritable écologie du cœur, celle du partage et de la préservation de la terre et de ses richesses, richesses qui nous avaient été offertes en abondance pour notre bien être et celui de tout être vivant.

Et voilà qu’aujourd’hui, 

en mars 2020, 

confinée dans mon appart où je fais passer le temps comme je peux

je m’épile les jambes juste pour le plaisir de la douleur

cette douleur qui me fait ressentir combien il est agréable d’être en vie

je pense aux paroles d’Amador, sa sagesse, sa clairvoyance

et je me dis oh ! combien il avait raison.

Le Grand Jour est arrivé

Le Grand Jour dont, il y a si longtemps, il m’avait parlé

est arrivé

et l’addition doit être payée !

jamadrou © « Les mots pour leur dire » avril 2020

16 réflexions au sujet de “Mars 68”

  1. Feue ma mère disait, attends, tu vas le payer un jour… si on riait de telle ou telle chose gamin… ! Nos anciens étaient plus respectueux dans la vie, de la vie, nous… notre philosophie, profitons tant que, sans souci de ce qui peut nous arriver demain… 2020 saturée se rebiffe t’elle en nous infligeant une « belle » leçon de rappel… notre insouciance légère de prendre cette vie….

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    1. Qui sait Jill?
      Mais moi, j’aime bien le mot se rebiffer
      Oh que je les vois bien Terre, Air,
      flore, faune se rebiffer de colère
      Il nous poussent dans notre confinement et ferme les portes pour danser « la rebiffade » une java en plusieurs Temps, la java meurtrière, qu’il va falloir apprendre pour la comprendre et danser ensemble sur un air plus respectueux et tendre.

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  2. Contre cette pandémie et les suivantes une seule rebiffade possible: l’écologie

    « Comme l’a déclaré l’épidémiologiste Larry Brilliant, « les émergences de virus sont inévitables, pas les épidémies ». Toutefois, nous ne serons épargnés par ces dernières qu’à condition de mettre autant de détermination à changer de politique que nous en avons mis à perturber la nature et la vie animale. »
    Sonia Shah

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  3. Mars 68, on refaisait le monde autour de feux de joie, au son des guitares, de rêves utopiques où l’on voulait se perdre sur les causses du Larzac, tout en gardant les chèvres et en cuisant son pain. Et on était si loin de se douter que 2020 serait. …ce monde inhumain, corrompu, destructeur.
    Comme il est loin ce temps béni de nos jours insouciants où la vie semblait douce, où tout semblait possible !

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    1. Balaline, nos enfants nos petits enfants croient encore au possible au monde plus coopératif au monde inventeur du mieux vivre ensemble Ils sont pleins de ressources nos jeunes aidons les en croyant en eux et en les secondant

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  4. On nous annonçait le pire pour 2000
    Et vingt ans plus tard une particule microscopique nous oblige à nous confiner, emporte nos proches ou plus lointains… Quels changements cela va-t-il provoquer dans notre société? Quelles prises de conscience?

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  5. Il y a des visionnaires…
    On se doutait qu’il faudrait un jour quelque chose pour que le monde change, je ne sais pas si on s’attendait à quelque chose d’aussi imprévisible et dramatique.

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  6. Bon jour,
    Je ne sais pas si on paye l’addition ou pas. Le fait que dans la nature des choses l’humain n’est pas maître de son avenir même s’il y croit dur comme fer … il est seulement à s’installer dans une possible durée avec les moyens du bord (la Terre) avec d’autres organismes … à chacun sa lutte …
    Max-Louis

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