Couleurs et traits, la vie, Voyage en 21

Chaque jour j’essaie

Comme si j'avais une certaine sagesse,
j'essaie de ne pas oublier
que sur mon chemin d'en vie
je ne passerai qu'une seule fois 
 je sais porter déjà en moi ma mort.
Sur ce chemin point de retour.
Tant qu’encore je marche
je défends de l’oubli,
pieds et âme liés,
tout ce qui est simple à aimer:
un caillou une fleur sauvage
une mauvaise herbe au port altier
la blancheur d'un camélia
ou celle de l’hiver couché sur la colline
l’ombre d’un arbre m'offrant le repos
le lever du soleil
le ciel nuageux
annonçant une pluie salvatrice
le torrent qui gronde
l'enfant qui joue.
J'essaie de toujours, 
juste pour rire, 
faire un clin d'œil à la vie
ainsi qu'à l’arbre 
au murmure du vent
au chant de chaque oiseau
posé sur les branches 
levées en direction du ciel.
J'essaie de trouver de l'or
dans des pétales secs d'hortensia
et de la musique dans le silence de mon trait.

jamadrou © « Voyage en 21 » traits  28/7/21

12 réflexions au sujet de “Chaque jour j’essaie”

  1. J’ai lu là-bas :https://ecrivanture.com/2021/07/30/une-vrai-vie-possible/
    ce que Philippe Jacottet un jour a dit et moi je vous dis: Oh ! Combien je suis d’accord avec lui.

    « Au fond, je crois que ce que j’ai essayé de faire, ou ce que ma nature profonde a essayé de faire en moi, ça a été que la poésie trouvât place, plus naturellement et plus discrètement, à l’intérieur des limites de la vie…

    Qu’il y ait une espèce d’infini, un reflet d’infini, dans un poème bâti avec des mots, ou dans une œuvre musicale soumise à des lois strictes, c’est là peut-être le plus grand mystère. Que l’infini puisse entrer dans le fini et, de là, rayonner.

    Il fallait donc espérer, ou faire en sorte, qu’une lumière comme étrangère à ce monde restât perceptible dans ce monde imparfait et souvent presque invivable. Et il fallait que cela fût possible, pour moi, en dépit d’une faiblesse grave : à savoir qu’aucun dogme politique, religieux ou philosophique n’avait jamais réussi à me convaincre. Il n’était pas une seule certitude qui ne me parût sujette à caution. Pas un système, si solide fût-il, dont il ne me semblât qu’on pouvait bientôt lui opposer avec succès son contraire…

    J’étais renvoyé à mes incertitudes. Elles avaient, elles ont encore, de quoi réduire un homme au silence. Néanmoins, il me venait encore, des êtres, des choses, des paysages et des œuvres, des espèces de signes. Pas des explications, ni des formules. C’est ainsi que je découvris, en ce moment particulièrement obscur de la vie où l’on sent s’éloigner la jeunesse, la poésie japonaise, en particulier le genre traditionnel du haïku. Pourquoi lui ai-je accordé d’emblée tant de prix ? Précisément parce que, mieux qu’aucune autre poésie, dans la plus grande simplicité et la plus raffinée pourtant, loin de poursuivre délire et rupture, elle réussissait, me semblait-il, à illuminer d’infini des moments quelconques d’existences quelconques. C’était plus extraordinaire à mes yeux que l’excès, le vertige, l’ivresse. Comme si, à l’affirmation désespérée de Rimbaud, la vraie vie est ailleurs, répondait non pas une affirmation contraire (qui ne m’eût pas davantage convaincu), mais comme une floraison de signes discrets témoignant d’une vraie vie possible ici et maintenant. »

    Philippe Jaccottet

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